Dans de précédents articles, nous avons découvert les gestionnaires d’énergie, tout particulièrement Solar Manager, pour chauffer de l’eau. Néanmoins, il est possible dans certaines conditions d’utiliser l’énergie solaire photovoltaïque directement avec une résistance/bride/corps de chauffe (je ne sais jamais comment l’appeler ce truc 😅…).
Certains fabricants, comme l’entreprise suisse Askoma, proposent des résistances thermiques “intelligente” qui seront capables de chauffer l’eau sans avoir recours à un gestionnaire d’énergie… Appelée Askoheat+, la gamme est riche en fonctionnalités et devrait répondre à une multitude de besoins. Comme d’habitude, on va voir tout ça en détail !
C’est quoi une résistance thermique “intelligente” ?
Tout d’abord, il faut comprendre ce que l’on entend par “intelligent”, car comme on l’a vu dans un article traitant de ChatGPT, ça veut tout dire et surtout rien dire…
Une résistance thermique traditionnelle est reliée généralement directement à votre tableau électrique ou votre PAC. Elle saura s’allumer et s’éteindre. Voilà, on a fait le tour de ses fonctionnalités. Autant dire que c’est très maigre.
Une résistance un peu plus intelligente comme celle d’Askoma offre beaucoup de fonctionnalités pour être pilotée. Elle pourra dès lors être sous le contrôle d’un gestionnaire d’énergie ou alors simplement d’un compteur d’énergie qui lui sera directement relié.
En parallèle, l’Askoheat+ offre une ribambelle d’interfaçages possibles (LAN, REST API JSON, Modbus, 0-10V… Toutes ces interfaces permettent de “nourrir” la bride avec votre indication de production/consommation électrique pour une utilisation optimale. On revient en détail spécifiquement là-dessus un peu plus bas dans l’article.
Le produit Askoheat+ offre aussi un avantage considérable comparé à un équipement traditionnel : elle sait chauffer par paliers pour tirer au mieux parti de votre production solaire. En fonction de sa capacité de chauffe, elle possèdera une puissance généralement divisible en plusieurs paliers différents.
Si on prend l’exemple du modèle Askoheat 3.5kW, la résistance possédera 3 corps de chauffes différents : 500W, 1000W et 2000W. En jouant avec ces trois corps de chauffe, Askoma permet de chauffer l’eau sur sept niveaux différents :
PUISSANCE TOTALE | CORPS DE CHAUFFE UTILISES |
---|---|
500W | 500W |
1’000W | 1’000W |
1’500W | 500W + 1’000W |
2’000W | 2’000W |
2’500W | 500W + 2’000W |
3’000W | 1000W + 2’000W |
3’500W | 500W + 1’000W + 2’000W |
Certains modèles de la gamme vont bien plus loin avec, comme l’Askoheat+ 15.8kW, il permet 19 niveaux différents ! Le “problème” de ces “gros” modèles, c’est que la puissance minimale est de 9’500W. Ils sont donc destinés à de très grosses installations solaires avec une puissance de crête supérieure à 10kWc durant de longues périodes de la journée.
Donc, vous l’avez compris (j’espère…) le but de cette résistance intelligente étant de suivre votre excédent solaire et de l’injecter dans l’eau chaude au lieu de la revendre à vil prix à vos services industriels. Dès lors, vous allez stocker votre surplus solaire en eau chaude et augmenter votre consommation propre.
Interfaces de gestion/connexion
Vous avez déjà très certainement compris, un des avantages principaux du produit d’Askoma, c’est d’offrir de nombreuses possibilités pour le gérer et/ou piloter… Alors on détaille !
Aperçu de l’interface web (LAN)
Tout d’abord, le produit dispose d’une interface web relativement simple à utiliser. Néanmoins, celle-ci possède l’avantage d’être très simple d’utilisation dans la mesure où l’on sait ce que l’on veut modifier.
Ci-dessous, nous allons voir quelques captures écrans de l’interface web. Je vous les partage avec plaisir, car je n’ai pas réussi à en trouver avant de décider d’acheter le produit et mon choix aurait été bien plus simple en les voyant ! Oui, je trouve rassurant de savoir ou je mets les pieds…
Écran d’accueil
Sur l’écran d’accueil on trouve les informations utiles sur l’état de santé et si l’Askoheat+ est en fonction. Il permet aussi d’accéder aux autres réglages qui sont divisés en deux catégories : Standard et Expert.
Réglages standards
Dans les réglages “standards”, vous allez pouvoir configurer le fonctionnement de base du corps de chauffe. Par exemple, la température de l’eau, le nombre de capteurs de températures, la température en cas d’utilisation du bouton “urgence” (si plus rien ne fonctionne), ainsi que bien d’autres choses comme la protection contre les légionelles…
📄 Si vous n’arrivez pas à voir correctement l’image ci-dessus, vous pouvez aussi télécharger une version PDF en cliquant ici. Celle-ci sera probablement plus facile à lire.
Réglages experts
Du côté des réglages experts, on va retrouver vraiment beaucoup de choses ! Il y a peu de limites au final avec tout ce qui est mis à disposition.
📄 Pour voir l’ensemble des réglages, vous pouvez télécharger une version PDF en cliquant ici. Celle-ci sera probablement plus facile à lire qu’une image dans la page.
Comme vous pouvez le constater, les réglages sont riches et faciles à comprendre… normalement. On gagne énormément de contrôles qui ne seraient pas possibles avec un corps de chauffe standard…Mais pour les vrais geeks, on peut faire encore plus ! Pour ça il faut passer à la suite… 😊
Modbus RTU/TCP
Le Modbus est un protocole utilisé par beaucoup d’équipements industriels dits OT, contrairement à l’IT. Ce protocole vise à envoyer des instructions soit par une paire de fils en RS485 directement reliée physiquement avec l’équipement, le Modbus RTU. Soit via la nouvelle variante du protocole en utilisant simplement un réseau LAN standard, le Modbus TCP. Mais les jeux d’instructions sont en principe identiques même si la méthode pour communiquer avec l’équipement est différente.
Dans le cas du Modbus TCP, il faut toujours se poser la question de savoir si son utilisation est indispensable ou si l’on peut utiliser autre chose comme l’API REST JSON qui est présentée ci-dessous…
REST API JSON
La première interface qui m’a intéressée durant mes tests était cette dernière. Elle possède toutes les options de l’interface Mobdbus RTU/TCP ci-dessus, mais utilisées au format JSON.
Il est donc très simple de procéder à des réglages ou indiquer votre consommation électrique nette en provenant d’un autre équipement. Nous reviendrons là-dessus dans un article spécifique avec des scripts d’exemples.
Mais je vous laisse ci-dessous un petit morceau de code pour vous donner une idée de la simplicité pour renseigner votre “énergie nette” à l’Askoheat+ :
#/usr/bin/curl -s -o /dev/null --header "Content-Type: application/json" -X PUT --data '{"MODBUS_EMA_LOAD_FEEDIN_VALUE":"-1500"}' 192.168.1.11
0-10V
Une interface plus simple consiste à donner une indication de voltage à la bride afin de l’indiquer la puissance à utiliser. Cette interface est nécessaire pour certains systèmes (sauf erreur KNX par exemple), mais étant donné qu’elle n’est pas documentée et que je ne peux pas tester je vais limiter là ce paragraphe (car j’y connais rien) 😅.
Compteur direct
Une solution que j’ai trouvé très élégante dans ce produit et que j’aimerais bien tester, c’est qu’il est possible d’ajouter directement un compteur d’énergie. Celui-ci est relié en Modbus RTU (RS485) et donne ainsi l’information de l’énergie nette du logement. Avec ça, l’Askoheat+ est capable de gérer de manière autonome la production d’eau chaude en fonction de ce que vous réinjectez dans le réseau électrique.
Askoma vend des compteurs de sa propre marque disponibles en plusieurs modèles en fonction de la puissance. Vous pouvez aussi décider de l’installer en direct ou avec des pinces CT (en option).
Compatibilité étendue
L’Askoheat+ prend nativement en charge ou est pris en charge par certains autres systèmes. Il est possible de l’intégrer avec Sunny Home Manager (SMA), LOXONE, Plexlog et Senec.
Certains onduleurs sont aussi pris en charge directement par l’interface de configuration. On citera les principaux, comme Kostal, Fronius et Huawai (nan, pas d’Enphase, ni de Solar Edge).
Il ne faut pas oublier de préciser que l’Askoheat est nativement prise en charge par Solar Manager et forcément par le gestionnaire d’énergie d’Askoma, l’Askoset.
Documentations
Dans les précédents paragraphes, vous avez peut-être noté que je vous parle de documentations. Ce qui m’a tout de suite plu chez Askoma, c’est que les documentations des produits sont toutes disponibles en ligne avec des exemples.
Par exemple, vous pouvez trouver la documentation Modbus, JSON, des exemples Python et tout le document de base. Ce qui est très pratique pour geeker…
Et avec ma PAC, je fais comment ?
Raccordement et réglages
Alors ça, c’est la grande question que je me suis posée. Mon ancienne résistance était entièrement pilotée par ma PAC Sixmadun Dimplex. Dans ce cas, je me suis demandé comment la faire prendre son “autonomie” sans tout décâbler… Mais après quelques réflexions, j’ai décidé de la laissé raccordée via le câblage de la PAC.
Tout d’abord, celui-ci passe par un by-pass au niveau du tableau électrique (TGBT) à trois positions (Piloté par la PAC, allumé, éteint). Une des positions permet donc de garder la bride alimentée en permanence. C’est ce que l’on désire faire avec l’Askoheat+ dans notre cas et cela permet de ne pas toucher au câblage.
Ensuite, j’ai désactivé dans l’interface de la PAC la bride, ce qui désactive d’office la possibilité de faire la prévention de la légionellose. Par contre, l’Askoheat prendra en charge nativement cette fonction dans ses réglages. Et sauf erreur de ma part, il n’est même plus légalement obligatoire de le faire dans les domiciles privés habités en permanence…
Le fait de garder le câblage me permet aussi d’envisager la suite, le jour où ma PAC meurt ou si je décide de changer de bride et revenir à quelque chose de plus traditionnel.
Si j’optimise déjà ma PAC, ça sert à quoi ?
Alors ça, c’est THE (la…) question ! Lorsque j’ai mis l’Askoheat+ en service, je ne pouvais pas encore optimiser ma PAC (même pas d’SG Ready). L’Askoheat avait donc toute son utilité…
Cependant, après avoir papoté un peu avec le spécialiste des PAC Dimplex, Roman SA, en Valais, ils ont procédé à une mise à jour de ma PAC Meier Tobler Sixmadum Dimplex. Malgré ses 13 ans, cette mise à jour a permis de la prendre en charge directement avec Solar Manager par le réseau informatique.
Donc maintenant, je me retrouve avec une PAC et un chauffe-eau sanitaire optimisé par Solar Manager. Ça ne sert trop à rien, me diriez-vous… Mais non, détrompez-vous ! Rappelez-vous l’Askoheat+ que j’ai choisi peut utiliser mon surplus solaire à partir de 500W et jusqu’à 3’500W. De l’autre côté, ma PAC d’ancienne génération ne possède pas la technologie “inverter” qui permet de monter en puissance progressivement. Elle ne sait donc que démarrer aux environs de 3’500W de consommation nette.
Vous l’avez compris, les jours où il ne fait pas très beau, l’Askoheat+ utilisera le surplus entre 500W et 3’500W, mais dès que l’on réinjecte plus de 3’500W, c’est la PAC qui s’enclenchera ! Donc au final, c’est tout bénéfice en termes d’autonomie énergétique (Autarchie Autarcie comme ils aiment bien dire chez Solar Manager 😜)
Réglementations, encore…
Lors de la rédaction d’un des premiers articles du blog, Stéphane Belliot directeur de l’entreprise EFISOL m’a fait une remarque très pertinente (un grand merci encore d’ailleurs !). Il existe actuellement une forme d’ambiguïté réglementaire eau (jeu de mots pourri) niveau de ces types de résistances que je ne connaissais pas.
Préparez votre plus bel accent suisse allemand pour lire le titre du règlement qui nous intéresse ici : “Ordonnance sur l’utilisation rationnelle de l’énergie dans les constructions et les installations“… Ou de son petit nom “OURE” !
En listant l'”Art. 20 Chauffe-eau et accumulateur de chaleur”, il est mentionné :
Dans les habitations, la mise en place d’un corps de chauffe électrique pour la production d’eau chaude sanitaire n’est autorisée que si:
730.100 Ordonnance sur l’utilisation rationnelle de l’énergie dans les constructions et les installations (OURE)
a) pendant la période de chauffage, l’eau chaude sanitaire est chauffée ou préchauffée avec le générateur de chaleur exploité pour le chauffage, ou si
b) l’eau chaude sanitaire est majoritairement chauffée avec des énergies renouvelables ou des rejets thermiques qui ne sont pas utilisables autrement.
Tout se joue dans l’interprétation du mot “majoritairement” dans le cas d’une installation qui ne dispose d’aucun autre moyen de chauffer l’eau chaude sanitaire. Un bâtiment possédant un chauffe-eau entièrement électrique, mais qui installe des panneaux solaires à tout avantage à mettre en place une bride intelligente. Mais selon cet article 20, il faudrait démontrer que c’est le soleil qui chauffera l’eau chaude durant toute l’année “majoritairement”… En effet, ça reste un peu ambigu…
Les différents modèles
Il existe deux types de modèles principaux. Les corps de chauffe à visser et les modèles à écrous. Ces deux modèles peuvent compléter quelque chose d’existant en fonction de votre réservoir d’eau chaude.
Ensuite en fonction de vos besoins, vous avez le choix dans une gamme assez large de modèles. Vous pensez bien, le prix s’adapte à la puissance de chauffe… Une liste complète des produits est disponible sous forme de PDF sur le site officiel.
Et je trouve ça où ?
Les produits d’Askoma se trouvent facilement en vente chez votre installateur sanitaire ou chez votre installateur solaire. Si vous êtes un professionnel, vous pouvez les commander directement chez eux, chez SolarMarkt ou via Meier Tobler.
Alternatives (oui, oui, ça existe !)
En effet, il existe des alternatives ! Pas forcément aussi perfectionnée que celle d’Askoma, mais ça existe.
Tout d’abord, il y a les produits de MyPV. L’entreprise propose un système d’optimisation de l’eau chaude relativement complet. Ils proposent aussi des compteurs et même un boîtier centralisé pour piloter des résistances standards.
Dans les concurrents depuis un peu plus longtemps sur le marché, il y a des produits similaires chez Smartfox. Le Smartfox Pro Heater s’intégrer dans l’écosystème Smartfox et permet aussi d’optimiser sa production d’eau chaude.
Il existe très certainement d’autres produits, n’hésitez pas à me l’indiquer dans les commentaires 😊
Bonjour, super article et super site que je découvre en meme temps.
Je suis fan de domotique (HA) et je viens de mettre des panneaux photovoltaïques (solaredge).
Je regarde maintenant comment optimiser mon chauffe-eau. Pour l’instant il chauffe a minuit.
Je souhaite faire en sorte de chauffer en journée si soleil (energie solaire) ou sinon dans la nuit (tarif bas).
2 solutions
– changer le chauffe eau.
– rajouter un module (z-wave) dans le tableau pour commander le chauffe eau actuel.=> ma solution préférée.
Pourquoi avez-vous choisi la solution d’un chauffe eau connecté?
Bonjour Flavio, merci pour le message 😊 !
En lisant votre message, je ne suis pas certain de l’information.
Actuellement, vous avez un gros tampon avec une bride à l’intérieur, ou un simple chauffe-eau monophasé ? Car la manière de procéder est un peu différente.
Dans le cas de la bride, il existe plusieurs alternatives pour la piloter. Comme la solution tout intégrée Askoma présenté ici qui offre une grande facilité d’installation ou alors la seconde possibilité étant de piloter les phases avec un boitier GUDE 23xx ou un Shelly Pro 3/4.
Par contre, si vous avez un petit chauffe-eau qui est monophasé, il est probablement très facile de le déclencher simplement avec une prise connectée intégrée dans un écosystème domotique. Comme vous le mentionnez, en Zigbee, Z-Wave, Shelly, Homematic,…
Dans mon cas, j’ai choisi ça par facilité et pour m’amuser, car la technologie est intéressante et je la trouve très complète 😅.
ok merci pour le retour
je suis un peu perdu (temporairement) J ai clairement pas votre niveau de connaissance.
je sais seulement que non chauffe eau et piloter depuis une telecommande dans le tableau électrique (ça me semble tellement “old school”)