EVCC : le gestionnaire d’énergie gratos pour véhicule électrique… qui intrigue !

Il y a quelques semaines, je vous parlais pour la première fois d’EVCC. Un gestionnaire d’énergie gratuit et open source pour les véhicules électriques qui est développé avec un large éventail d’intégrations possibles. Cet article relativement court, qui vous informez de l’existence d’EVCC, vous a passablement intrigué… De nombreuses personnes sont venues voir qu’est-ce qui se cachait là derrière !

C’est donc le bon moment pour moi de le tester et de vous partager mes premières expériences avec cet outil assez surprenant ! C’est parti, on attaque…

Pour commencer sereinement…

Alors, autant refroidir tout de suite certains d’entre vous… Ce n’est pas à la portée de tout le monde malheureusement. Il s’agit d’un projet relativement jeune (bien que…) et sous sa forme actuelle, il ne peut pas être exploité sans quelques compétences en informatique. Ce n’est pas trop compliqué pour quelqu’un qui a l’habitude de bidouiller, mais ce n’est pas un truc qui fonctionne en trois clics (nan, je t’ai entendu, même en quatre).

Dans le meilleur des mondes, ce type de logiciel devrait être installé sur un équipement qui est allumé 24/7 afin d’optimiser au mieux votre autoconsommation. Il est donc dès lors recommandé de passer par un Raspberry Pi ou un produit similaire (comme un NAS).

Pour réaliser mes tests (sachant que je n’allais pas le conserver sur durée), je l’ai installé directement sur mon ordinateur personnel… Mais ce n’est clairement pas l’idéal… Donc je vais vous guider parmi 2-3 méthodes présentes sur le site afin pour pouvoir débuter sereinement.

Méthodes d’installation

Raspberry Pi

Le premier guide qui est présenté sur le site d’EVCC est clairement dédié au petit périphérique comme un Raspberry. Cela signifie que vous devez commencer par installer un Raspberry Pi avec une version de son système d’exploitation Linux de base (Raspberry Pi OS) et ensuite commencer par suivre la procédure d’installation officielle se trouvant au bout de ce lien.

Selon mon humble avis, il s’agit de la façon la plus accessible et rapide pour mener à bien un projet de gestionnaire d’énergie sur la base d’EVCC. C’est simple à installer, rapide à mettre en œuvre et le Raspberry Pi dispose d’un format faible en consommation d’énergie. C’est ce que je préconiserais, si je l’installais définitivement chez moi.

Docker/Synology

Pour les personnes un peu plus calées en informatique, il est aussi possible de pousser son installation dans Docker. Pour les non connaisseurs, Docker permet de “virtualiser” plusieurs installations sur un seul et même équipement. Dans ce cas là, on pourrait installer Docker sur un Raspberry Pi, puis y installer EVCC. L’avantage étant qu’on peut déployer d’autres programmes Dockerisé qui seraient placés en parallèle sur le même matériel et qui vivraient leur petite vie sans impacter les voisins.

Encore une fois, ces informations sont extraites de la documentation officielle. Il est important de préciser que les utilisateurs ayant créé cette documentation semblent réaliser leurs tests sur un NAS Synology… Car oui, nous pouvons avoir du Docker nativement sur un certain nombre de NAS désormais. Vous n’avez rien compris à tout ce charabia, c’est que Docker n’est clairement pas fait pour vous 😅.

Manuellement (Windows, macOS…)

Une des dernières alternatives consiste à lancer EVCC directement depuis un poste de travail Windows, macOS, ou Linux. Si vous possédez déjà un ordinateur à la maison qui peut rester allumé en permanence, cette solution peut potentiellement vous intéresser. Mais à mon avis, elle convient surtout pour réaliser les premiers tests et valider si la solution vous convient. Je trouverais dommage de mettre en place une solution pour optimiser son autoconsommation et allumer un PC de 300W en permanence pour le faire 😬.

Largement documenté à nouveau, c’est clairement décrit comment l’installer et le faire fonctionner comme un service qui sera persistant après les redémarrages de l’ordinateur ou si votre session est fermée. Dans le cas de mes essais, j’ai utilisé une installation relativement similaire en passant par la documentation pour Homebrew sur mon Mac (pour les connaisseurs).

Configuration initiale

Alors, premier élément un peu complexe à prendre en main, EVCC ne possède pas d’interface pour sa configuration initiale… pour le moment (mais c’est en cours). Cela signifie que pour réaliser l’intégration de vos compteurs intelligents, chargeurs de voiture, installation solaire, etc., vous allez devoir créer un fichier texte et y renseigner toutes ces informations. Mais pas n’importe comment, dans un ordre très précis et au format YAML.

Pour démarrer sereinement, je vous propose de passer un peu de temps dans les configurations des différents systèmes que l’on peut intégrer et de donner un coup d’œil au fichier d’exemple publié dans le projet sur GitHub. Vous allez tout de suite pouvoir juger de vos compétences pour mener à bien ce type de configuration 😊. Ça vous semble sorcier ? Nan, ne paniquez pas et continuez de lire la suite. Avec un peu de motivation, cela peut être déroulé sans trop de douleur…

Exemple de configuration de base

Ci-dessous, je vous donne l’exemple du strict minium que j’ai trouvé pour démarrer ma configuration de test en partant de la documentation. Tout d’abord, j’ai ajouté un bloc afin d’indiquer de quoi est composée mon installation. Celui-ci est référencé et documenté sous les valeurs appelées “site” :

site:
  title: Home # display name for UI
  meters:
    grid: grid # grid meter
    pv:
      - pv # list of pv inverters/ meters

La suite de ma configuration contient les valeurs appelées “meters”. C’est là que l’on va indiquer les différents compteurs qui composent votre installation. Dans le cas de mon installation Enphase, je dois spécifier comment obtenir l’information “grid” qui représente l’import-export sur le réseau ainsi que comment obtenir la valeur “pv” qui représente la production solaire. Tous ces éléments sont documentés pour tous les fabricants mentionnés dans l’article précédent. Il faudra dès lors passer un peu de temps dans les documentations afin de savoir ce qui est requis spécifiquement pour votre installation.

meters:
  - name: grid
    type: template
    template: enphase
    usage: grid
    host: 192.168.0.5 # IP address or hostname
    token: CéPa1vréTaukèn
  - name: pv
    type: template
    template: enphase
    usage: pv
    host: 192.168.0.5 # IP address or hostname
    token: CéPa1vréTaukèn

Dans la section suivante, nous pouvons spécifier la configuration spécifique de votre véhicule électrique. Dans mon exemple, ci-dessous, j’ai ajouté notre VW Multivan T7 qui est un plug-in hybrid. Notre autre véhicule étant un peu vieux, il ne supporte pas la connexion à ce type de système. Dans cet exemple, on peut voir que l’on ajoute son compte VW We Connect ID et que l’on donne le numéro de châssis du véhicule pour l’identifier correctement (si on n’a plusieurs véhicules enregistrés).

vehicles:
  - name: VW_Multivan_T7
    type: template
    template: vw
    title: # Will be displayed in the user interface (optional)
    user: nom.prenom@mail.com
    password: CéPa1vréMau2pass
    vin: WV2ZZZST5xxxxx # Required if you own multiple vehicles of the same brand (optional)
    capacity: 10 # Battery capacity in kWh (optional)
    timeout: 10s # optional

L’élément suivant étant très logiquement la, ou les bornes de recharge que vous désirez intégrer avec votre installation. Dans mon cas, je vous montre ci-dessous la configuration pour une borne de la marque Easee. Il faut à nouveau ajouter son compte d’accès au service et indiquer l’identifiant de la borne :

chargers:
  - name: charger
    type: template
    template: easee
    user: nom.prenom@mail.com
    password: CéPa1vréMau2pass
    charger: EHVUDxxx
    timeout: 10s # optional
    authorize: 

Derniers éléments, nous devons ajouter une section “loadpoints” qui consiste à mettre ensemble tous les différents éléments que nous avons configurés ci-dessous pour créer une configuration consistante. Il peut y avoir plusieurs variantes, tout particulièrement si vous avez plusieurs véhicules et plusieurs bornes. Dans le cadre d’une configuration minimum, je crois que seul le chargeur est requis :

loadpoints:
  - title: Carpot # display name for UI
    charger: charger # charger reference
    vehicle: VW_Multivan_T7 # reference to standard vehicle
    mode: pv # charge mode (off, now, minpv, pv)

Après avoir configuré ces différents éléments, vous êtes paré pour débuter les travaux et démarrer EVCC et découvrir… ses fonctionnalités via l’interface web !

Petit tour des fonctionnalités !

L’ensemble de la configuration présentée ci-dessous va offrir les possibilités que je vous présente ci-dessous. Tout n’est pas très bien détaillé, mais cela permet déjà de se donner une très bonne idée de quoi nous parlons.

Sur l’image ci-dessous, on peut découvrir la page d’accueil de base d’EVCC. La section du haut représente les indications sur la production, la consommation et l’injection d’électricité sur le réseau. La production solaire représente 7.8 kWh, l’autoconsommation au moment de cette capture d’écran est de 5 kWh et l’export vers le réseau électrique est de 2.8 kWh. C’est relativement précis et facile à comprendre.

La section du bas (dans l’encart blanc) représente les éléments de configuration spécifique à la charge des véhicules électriques. Ici, nous pouvons voir que ce que nous avons mis dans la configuration plus haut est reporté, il s’agit d’un Carport et notre Multivan T7 est actuellement branché à la borne.

On peut constater sur la capture d’écran qu’il est entièrement chargé (la barre verte et l’indication 100% au fond à gauche) et qu’il n’y a pas de limite de charge configurée. C’est ce que l’on appelle le SoC (State of Charge), qui est placé au fond à droite cette fois.

Il existe plusieurs options de charge définies par défaut : Arrêté (aucune charge), solaire uniquement, minimum défini avec le reste en solaire uniquement et rapide (charge maximale immédiate).

Page d’accueil d’EVCC

Sur le fond de cette page, on constate un réglage nommé “Planification” qui indique “aucune”. Il est possible de configurer EVCC pour lui indiquer à quelle date et quelle heure le véhicule doit être chargé et avec quel niveau de charge.

Avec ces quelques réglages, vous pouvez constater que vous avez entre les mains pratiquement tout ce qu’il faut comme gestionnaire d’énergie… C’est ti pas bô ?!

Tarif de l’électricité (dynamique)

EVCC intègre la possibilité d’ajouter les tarifs de l’électricité, je ne l’ai pas mentionné dans les exemples ci-dessus. Mais la configuration est relativement simple. Il existe aussi la possibilité d’utiliser des tarifs dynamiques comme le propose Groupe E avec Vario, cependant ils ne sont pas intégrés à la solution (encore). Nous y trouvons uniquement des fournisseurs allemands pour le moment (a priori). Au niveau de l’interface, cela offre la possibilité de recharger toujours au meilleur tarif si l’ensoleillement n’est pas suffisant :

Exemple de configuration des tarifs pour la charge optimisée.

Utilisation avancée

Il est important de savoir qu’EVCC est capable de gérer beaucoup d’autres intégrations avec des protocoles spécifiques. Cela s’adresse clairement à des utilisateurs avancés, mais si vous êtes arrivés jusqu’ici vous ne devez pas avoir peur 😁.

Ce qui est appelé “plugins” permet d’intégrer du Modbus TCP, du MQTT, des API REST, des websockets, etc. Donc avis au plus débrouillard, il est possible de piloter plein d’autres choses comme une PAC ou un chauffe-eau !

Et tout ça c’est gratuit ?

C’est la grande question, il s’agit clairement d’un projet open source, mais certaines fonctions ne sont pas gratuites ! Par exemple, pour intégrer la borne de recharge Easee que vous avez vue plus haut, il faut passer à la caisse. S’agissant d’un projet open source, il n’y a pas de tarif défini. Vous devez simplement faire un don volontaire au projet pour utiliser certaines fonctions.

Ensuite, vous allez recevoir une sorte de clé (un token) à ajouter dans votre fichier de configuration qui débloquera l’utilisation de certains équipements. Si vous êtes plus généreux, vous pouvez souscrire un abonnement mensuel.

Le mot de la fin

Pour terminer, je ne vais pas vraiment m’étaler longuement… Vous avez compris, EVCC est un projet très très intéressant pour les personnes qui maitrisent quelques bases techniques informatiques. Par contre, il ne sera pas du tout adapté à des personnes cherchant le maximum de simplicité.

C’est un projet vivant, qu’il faudra continuer de maintenir et qui devrait continuer d’évoluer dans le bon sens… La possibilité d’éditer une partie des configurations que vous voyez plus haut via l’interface graphique a débuté et quelques réglages sont déjà disponibles en mode “expérimental”. Il faut donc s’attendre à ce que le projet continue de murir en permettant à toujours plus de monde de le prendre en main.

Dans tous les cas, si vous avez l’âme d’un aventurier et zéro compétence en informatique cela vaut la peine de débuter, de tester et de voir ce que ça peut donner !

10 réflexions sur « EVCC : le gestionnaire d’énergie gratos pour véhicule électrique… qui intrigue ! »

  1. Merci beaucoup pour ces informations et la découverte de ce système.

    Ça fait pas cher le routeur / gestionnaire photovoltaique

  2. j’adore. je cherche des info sur solarmanager j’arrive ici. je cherche des info sur les bornes easer je tombe ici. je cherche des info en français sur evcc et je tombe ici :-). je vais me plonger dans votre article et voir si j’arrive à me débrouiller pour interfacer tout ça. encore bravo pour ce site.

  3. Super article pour mettre l’eau à la bouche, j’ai mordu – si on peut dire 😁Premier test (Win11), PV 10kWc, Enphase , Etrel Inch et ioniq5.
    Next step, Raspberry ou Syno Docker ? – à mûrir 😉
    Merci 🙏

    1. Avec plaisir ☺️ ! Je ne connaissais pas la borne Etrel, jamais entendu parler de la marque.
      Entre le Raspberry et Docker sur le Synology, j’aurais une préférence pour le Synology. Etant donné que ça demande peu de performance et qu’il est de toute façon allumé, autant ne pas rajouter un équipement 😁.

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